Enfant prodige du tennis, capitaine de l'équipe de France, bienfaiteur des jeunes en difficulté, Yannick Noah est devenu, à 36 ans, une sorte de sage. A l'occasion de Roland Garos, le gourou des courts a ouvert son cur à " Femina Hebdo "... (1 juin 1997)
Voilà près de quinze ans qu'à chaque tournoi de Roland Garros, Yannick Noah est le tennisman français dont on parle le plus. Un peu comme s'il n'avait jamais arrêté. Sa retraite des courts n'a pas calmé les médias, toujours aussi friands de son "Noa - BCDAIRE". Sortie d'un nouveau livre (1), préparation d'un album reggae, rencontre avec Nelson Mandela, avenir du tennis dans les cités ... Yannick a plusieurs "fers au feu", on le savait. Pour Femina Hebdo, il parle de ses passions en toute sérénité et nous invite à les partager. En commençant par son goût pour le jeûne.
Yannick, vous entamez votre septième jour de jeûne. Est-ce une dure épreuve?
Maintenant, je suis habitué, cela ne me gêne plus...Mais il ne faut pas que je regarde le sandwich de mon voisin, sans quoi... Habituellement, je jeûne au printemps et en début d'automne, cela me fait un bien fou. Je me nettoie, j'évacue le stress de la coupe Davis et la fatigue des voyages. De plus, j'avais recommencé à fumer et à boire, il me fallait arrêter net, c'est fait ! Les deux premiers jours sont durs. Après, ça va mieux et , peu à peu, on se sent bien, avec tous les sens en éveil. Je pense souvent aux grévistes de la faim : la force morale nécessaire pour tenir est incroyable et aujourd'hui, je mesure mieux leur effort. Pour ma part, lorsque je suis allé jusqu'au bout, j'ai eu le sentiment de victoire sur moi-même. Le jeûne, on le sait, est lié à la recherche spirituelle. On le voit bien avec le ramadan chez les musulmans ou dans d'autres religions. Gandhi - dont les grèves de la faim sont historiques - a par la suite jeûné un jour par semaine. Bref, le jeûne rapproche de l'essentiel, donc de nous, de la voix intérieure, du cosmos si l'on veut. Je fais du yoga et après chaque nouveau jeûne, je franchis un palier dans la méditation. ..."